Gods of Men 2

Barbara Kloss

À l’aube d’un avenir incertain, Imari – la Liagée aux pouvoirs hors du commun – et Jeric – le roi à l’agilité sans pareille – parviendront-ils à empêcher le massacre qui se profile ?

Extrait (Imari)

   Trier.
   C’était une ville qui n’aurait pas dû exister, un sursaut de vie au milieu de ce paysage de sable et de roche. Elle défiait les lois de la nature avec ses palmiers, ses bassins et son stuc blanc, trésor de perles luisant sous un ciel céruléen. Là, en son cœur, encadré par six énormes tours blanches qui se dressaient telles des sentinelles autour de leur zar, se trouvait le magnifique dôme en or. Vondar. Le palais.
   Sa maison.
   Elle était là, sous ses yeux. Réelle et tangible, l’attendant comme si elle n’était jamais partie.
   Ses yeux se mirent à piquer et le palais devint flou.
   — C’est quand tu veux, lui dit Ricón à voix basse.
   Elle ne serait jamais prête.
   — Je suis prête, chuchota-t-elle.
   Il fit claquer sa langue et lança son cheval à la suite des autres. Ils se frayèrent un chemin parmi les fermes des abords de Trier, lesquelles devaient leur existence à un réseau de canaux, et Imari inspira profondément, humant le parfum de l’herbe sèche, de la poussière et du feu de bois – une odeur que son cœur n’avait pas oubliée, même après toutes ces années. Quelques chèvres curieuses s’approchèrent de la clôture, et au loin, Imari aperçut des travailleurs agricoles qui remplissaient des auges vides de grain et d’eau.
   Des travailleurs sol veloriens.
   C’étaient forcément des Sol Veloriens. Les Istraans ne se fatiguaient pas ainsi, les employant à leur place pour effectuer le dur labeur. Ils étaient payés tout juste une bouchée de pain. Pas tout à fait esclaves, mais bien trop pauvres pour acheter leur liberté, et c’était ainsi qu’Istraa les maintenait sous son joug.
   Ce qui n’était pas pour arranger un autre problème qui n’avait cessé de tourmenter Imari depuis qu’elle avait quitté Descieux : Jeric avait promis de libérer les esclaves sol veloriens de Corinthe, et Imari, de l’aider. Or après avoir passé près de deux semaines avec les Saredds de Ricón, sans aucune amélioration dans leur attitude à son égard, comment pouvait-elle espérer que le reste d’Istraa écoute ce qu’elle avait à dire ? Si elle commençait à exiger des Istraans qu’ils libèrent les ouvriers sol veloriens, ou du moins qu’ils leur versent un salaire digne de ce nom, Istraa penserait que c’était elle l’insaisissable chef des Liagés.
   Telles étaient les pensées qui la tourmentaient alors qu’ils quittaient les champs pour pénétrer dans le quartier des marchands, où l’encens, le feu et la sueur imprégnaient l’air, où les façades en stuc se pressaient les unes contre les autres, et où le monde se transformait en une symphonie de vie, de couleurs et de poussière. Des lanternes décoraient les rues étroites comme autant de guirlandes d’étoiles. Les étals des marchands regorgeaient de paniers d’épices et de fruits, tandis que des Sol Veloriens négociaient pour leurs maîtres, une myriade de tissus ondulant dans la brise du soir. Les notes d’un mizmar s’élevaient dans le vacarme ambiant, conférant une certaine mélodie au staccato sec des bavardages. Aux pieds du musicien, lui aussi sol velorien, brillaient quelques pièces de monnaie dans une corbeille tissée.
   — Recule, maudite galeuse, s’écria Tarq.
   Imari vit ce dernier repousser une Sol Velorienne qui passait près de lui. La femme, un panier de figues sur les bras, poussa un cri, trébucha et s’écroula sur un étal d’étoffes. Le panier lui échappa des mains et elle s’empressa de ramasser les figues qui avaient roulé. Personne ne lui offrit son aide.
   Tarq croisa le regard d’Imari.
   C’est tout ce que vous méritez, semblait-il vouloir dire.
   Elle serra la mâchoire et regarda droit devant elle, les mains crispées.
   Les sentiments de Tarq à l’égard de Sol Velor n’avaient rien de nouveau ni de surprenant. Istraa n’était peut-être pas aussi cruelle que Corinthe envers Sol Velor, mais ils considéraient toujours leurs habitants comme inférieurs. Comme moins importants. Moins précieux.
   Moins humains.

 

GODS OF MEN 2

Livre 2/3, 640 p.

Barbara Kloss

Format hardback avec jaquette
+ 2 illustrations couleur sur les pages de garde

La guerre ne fait que commencer dans le temple du désert…

Sable a été démasquée : elle est en réalité Imari, la fille illégitime du zar d’Istraa, et une Liagée, née avec le pouvoir interdit du Shah. Après dix ans passés à se cacher dans le froid glacial des Landes Sauvages, elle rentre enfin chez elle.

Pleine d’espoir, elle compte bien venir en aide aux ouvriers sol veloriens asservis depuis plus de cent ans. Mais un mystérieux chef liagé sévit dans l’ombre d’Istraa, attaquant villages et temples, incendiant et écrasant tout sur son passage, et Imari n’a d’autre choix que d’apprendre à maîtriser son pouvoir si elle veut éviter la destruction de son peuple.

La suite de la saga, aussi sombre qu’envoûtante.

Avertissement

Le roman présent comporte des scènes de violence dans un contexte de guerre (dont violences physiques et sexuelles, mutilation et esclavagisme).

Gods of Men 2

L’idée de Gods of Men m’est apparue alors que je jouais à The Witcher. Quand Wild Hunt III est sorti, je m’apprêtais à débuter un roman de science-fiction. Je venais tout juste de terminer une saga de fantasy, et j’en avais un peu marre d’écrire sur la magie. Et puis, une fois plongée dans The Witcher, j’ai retrouvé tous les éléments que j’aimais tant, et en particulier le personnage de Geralt. C’est quelqu’un qui fait ce qui lui semble juste, un héro dont le monde a besoin mais dont personne ne veut, dans un monde où la magie est assez mal vue. Toute cette idée me plaisait beaucoup. C’est la raison qui m’a poussée à revenir à un univers de fantasy. Merci donc Geralt !

Barbara Kloss

Auteure de Gods of Men